1er Avril – 08h30- Fred

8h30, c’est trop tôt. Depuis six mois que je touche le RUC, c’était trop cool. Payé à rien faire, ça me va très bien. Et puis, merde, convocation pour la Commission de recours SUC, un premier avril en plus. Si c’est une blague je la trouve plutôt saumâtre. On va me demander à moi de juger si un recours est justifié ou pas, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Heureusement, d’après la paperasse on sera cinq à décider, faudrait pas qu’en cas de refus, je m’en prenne plein la gueule.
Tiens, c’est le prochain arrêt, j’espère qu’ils ont prévu le café, j’ai pas l’habitude de me lever si tôt.Et la bouffe, il doit bien y avoir une cantoche. Ben, on verra, c’est tout neuf cette commission, s’ils veulent que ça se passe bien, ils ont intérêt à nous soigner.
Accueil c’est marqué, il a pas l’air très accueillant le gazier. Il y a déjà du monde à attendre, deux gonzesses et un mec. Eh si on doit être cinq, je ne suis pas le dernier, c’est pas souvent qu’ça m’arrive. Bon, un p’tit sourire et j’me pose.Pas trop mal les fauteuils, y’a plus qu’à attendre.
V’là la dernière, il parait qu’c’est une loterie. Au hasard trois gonzesses et deux mecs, c’est pas trop mâle. J’me marre. Qu’est-ce que je suis bon. Faut qu’ j’arrête, ils vont me prendre pour un Gogol.
Ah, l’accueilleur se lève, il va s’occuper de nous. Les convocs, merde. Ah! j’ lai retrouvée. Ouais, ouais on te suit. Sympa la salle, y’a du café, d’ l’eau, des croissants, c’est tout bon. On se pose. Qu’est ce qu’il raconte, on peut se servir en attendant l’arrivée de notre Observateur. C’est lui qui nous expliquera comment la commission fonctionne et nous fournira les dossiers à examiner, il ne devrait pas tarder qu’il dit.
Il est bon le café, le croissant est frais, j’en ai foutu des miettes partout. Faut qu’ j’ me tienne un peu. J’me suis sapé ce matin, mais j’ai quand même l’air un peu destroy. Quand j’vois la greluche avec son tailleur et l’aut’ en costard cravate. Heureusement y’a la vieille qu’a l’air d’arriver de sa cambrousse et la dernière qui se cache derrière ses carreaux. J’sais pas si on va réussir à parler la même langue.
Quelqu’un arrive avec du matériel. Ce doit être notre observateur. Il nous remet à chacun une sacoche, s’installe et prend la parole.

« Bonjour, je m’appelle Yann David, je suis l’observateur de la commission de recours. Vous avez reçu tous les cinq avec votre convocation des explications sur le fonctionnement de cette commission. Je pense qu’il n’est pas inutile de les rappeler brièvement avant de commencer.
Vous êtes ici pour statuer sur des demandes de citoyens qui ont reçu une affectation pour une session de SUC de plus de trois mois et qui considèrent que cette affectation est incompatible avec leur situation actuelle, soit pour des raisons de calendrier, soit pour toute autre raison.
Cette commission, comme toute affectation ultérieure, sera décomptée de vos obligations de service citoyen. Vous devez la prendre d’autant plus sérieusement qu’un jour vous pourriez vous-mêmes avoir besoin d’y faire appel.
Votre décision sera collective et définitive. Pour chaque cas examiné, vous devrez donner une réponse affirmative ou négative, l’abstention n’est pas possible. Aucune justification ne sera demandée.
Pour respecter la confidentialité, vous ne communiquerez entre vous qu’avec vos prénoms. Vous ne rencontrerez pas les demandeurs et vous ne connaîtrez pas leurs noms réels. Les questions que vous pourriez avoir à leur poser le seront par écrit.
Vos délibérations se feront sous ma supervision et je m’autoriserai à vous en rappeler les règles de fonctionnement à tout moment. Vous pouvez me rappeler à l’ordre si j’outrepasse ma fonction en intervenant sur le contenu de ces délibérations.
Je viens de vous remettre à chacun une sacoche contenant entre autres une tablette personnalisée ou sont accessibles les demandes sur lesquelles vous devez statuer. Durant cette matinée, je vous montrerai individuellement comment vous en servir. Nous déjeunerons ensemble et après déjeuner nous verrons les modalités pratiques de cette session qui est prévue jusqu’à vendredi prochain. Vous aurez donc tout le weekend pour vous familiariser avec les règles, outils et demandes.
Je vous laisse ouvrir vos sacoches et je suis à votre disposition »

Ouah ! Je suis scotché. Je crois que je ne l’ai pas vu reprendre son souffle. Il a parlé de déjeuner, mais il faut déjà digérer ce qu’il vient de dire. Je regarde les autres, à part le cad’ sup avec son air de tout maîtriser, les autres ont l’air d’avoir besoin de respirer un peu. Tiens, je crois que la petite jeune veut parler.

1er Avril – 10h00 – Julie