Vers les étoiles – Mary Robinette Kowal

U-Chrono-Topie

Cette uchronie démarre en 1952 par la chute d’une gigantesque météorite au large de Washington, détruisant une grande partie de la côte est des états-unis et menaçant la terre d’un réchauffement cataclysmique.

Ce premier volume de l’histoire d’Elma York, « Lady Astronaute » s’achève en juillet 1958 sur le chemin de la marche vers les étoiles d’une héroïne résolument optimiste et volontaire.

Singularité

L’histoire est racontée à la première personne par Elma York, ces choix, écriture et personnage, permettent tout au long du roman de conjuguer par petites touches la vie d’Elma et l’histoire en marche. Elma, ingénieure et pilote, est calculatrice mathématicienne du NACA (comité aéronautique), son mari Nathaniel en est un des responsables. La chute de la météorite à laquelle ils assistent depuis un chalet dans les monts Poconos à l’abri de la catastrophe permet à Elma d’en évaluer très rapidement les conséquences et les placent elle et Nathaniel au cœur des évènements.

Elma, en dépit de son parcours atypique et de ses capacités exceptionnelles, est une femme de son époque dont la place dans la société est limitée par la vision masculine qu’elle a elle-même intériorisée et qui la paralyse dans des moments cruciaux.

Si cette situation est source de frustration, elle s’en accommode volontiers ne se sentant pas légitime d’attendre autre chose. Le jeu permanent entre les évènements et la façon dont elle les ressent nous permet de l’accompagner dans son chemin vers la prise de conscience des limitations imposées aux femmes qui travaillent avec elle et a fortiori à elle-même. Ses rencontres ajoutent encore à sa frustration en comprenant que c’est encore plus difficile pour les femmes noires et découvrant le racisme qui imprègne la société américaine abordant ce thème dans le même registre que le film « Les figures de l’ombre » .

La singularité de la narration tient à la fois, de l’écriture qui aborde ces thèmes à partir du registre intime et sans agressivité, et de la façon dont Elma va résoudre les difficultés en s’assurant de la collaboration de tous et toutes à l’exception notable du « vilain de l’histoire » Stetson Parker.

Objectif Lune

Ce premier tome est l’histoire d’une marche accélérée vers les missions lunaires d’une humanité qui doit assurer sa survie à la suite de la catastrophe écologique provoquée par la chute d’une météorite. Contrairement à notre histoire, cette histoire alternative n’est pas celle d’une compétition acharnée. Pour Elma la collaboration est la clef qui permet d’ouvrir toutes les portes et même si elle est la figure de l’héroïne qui franchira tous les obstacles pour devenir « Lady Astronaute » ce sera toujours « With a little help from her friends ».

Minutieusement décrit, solidement documenté, le roman reprend l’histoire de la conquête spatiale, avec des personnages connus et d’autres injustement méconnus de notre réalité sans oublier des figures politiques tel Martin Luther King. La partie Hard SF s’intègre sans heurts au fil de l’histoire. Les prouesses aéronautiques, la rigueur de l’entraînement des astronautes, la complexité des calculs orbitaux, la dimension relations publiques des missions, tout cela renforce le réalisme de cette fiction scientifique qui aurait pu se produire si…

Humanité en marche

Sans préjuger des prochains romans de la série, ce premier volume enthousiasmant nous introduit dans une réalité alternative qui nous fait revivre le rêve des étoiles et d’une humanité retrouvée à l’occasion d’une catastrophe, même si la tentation du pire n’est jamais loin, à voir certains militaires tenter d’attribuer à l’URSS l’origine de la chute de la météorite.

Ce monde, devant les difficultés se rassemble pour chercher une solution, sans super héros, marche après marche. Elma, actrice et témoin de l’histoire nous pousse à l’optimisme, et le réchauffement climatique accéléré qu’elle décrit dont les conséquences permettent à son monde de se mobiliser, n’est pas si loin de celui qui nous attend, l’espoir est là, qu’en ferons nous ?

PS – critique à lire sur Le culte d’Apophis.