Premier volume d’une saga qui en comportera au moins quatre, “L’empire du silence” nous introduit dans un univers de Space Opera matiné de Fantasy digne des plus grands. Les références à Dune de Frank Herbert, à la saga de Vorkosigan de Lois McMaster Bujold pour le côté SF et au Nom du vent de Patrick Rothfuss pour la Fantasy ont été évoquées dans de nombreuses critiques du livre. Il n’est nul besoin de connaitre ces références pour l’apprécier, la forme comme le fond relèvent d’une originalité qui rendent ce premier tome du cycle du “Dévoreur du soleil” un livre à la fois singulier et familier aux amateurs du genre.
Spoiler. Dès les premières lignes, l’auteur nous dévoile le destin d’Hadrian Marlowe qui est à la fois le protagoniste principal et le narrateur. C’est lui qui va nous raconter son histoire, sous une forme alternée de chroniques et de confessions. Tout au long de ce premier volume le récit va alterner entre la naïveté du jeune Hadrian Marlowe qui vit les événements au jour le jour et le point de vue rétrospectif du dévoreur de soleil qu’il est devenu. Cette perspective a posteriori nous permet de découvrir cet univers complexe et les différentes composantes qui s’y confrontent.
Contexte Galactique
L’humanité, après qu’une guerre impliquant les Mericanii et leurs machines pensantes a ravagé la terre, s’est répandue depuis dix-sept millénaires dans cinq bras de notre galaxie. L’entité politique la plus importante est l’Empire Sollien qui représente la moitié des mondes colonisés et est divisée en quatre primarcats. Les autres représentants de l’humanité forment des ensembles plus réduits voire des micro-états.
La guerre en détruisant la terre et impliquant des machines pensantes a engendré une religion dont la terre d’origine est la divinité, l’humanité, la race élue, et qui proscrit toute utilisation de techniques s’apparentant à des machines intelligentes. Cette religion, la Fondation domine tout l’empire et l’empereur lui-même y est soumis. La chasse aux hérétiques est une composante primordiale de la Fondation à travers l’inquisition qui s’impose à tous les autres pouvoirs.
Du fait de l’absence de machines intelligentes, l’empire a créé un ordre monastique de savants, chercheurs et théoriciens, les Scholiastes.
L’Empire, au nom de l’humanité entière est en guerre contre une race non humaine, les Cielcins, peuple extraterrestre nomade, voyageurs de l’espace que la Fondation veut exterminer.
Planètes
Delos est la planète d’origine d’Hadrian, une des plus anciennes planètes terraformées. Elle est dirigée au nom de l’Empire par la famille Kephalos et divisée en préfectures dont la préfecture de Meidua dirigée par l’archonte Alistair Marlowe époux de Liliana Kephalos, parents d’Hadrian.
Emesh est la planète où il atterrit après son premier voyage, elle est dirigée par Lord Balian Mataro. . C’est une planète pauvre récemment intégrée à l’empire. Elle possède une espèce indigène les Umandhs et recèle des ruines d’un antique civilisation disparue.
Hadrian
Hadrian est le fils aîné et l’héritier présomptif de l’archonte Marlowe, il a été éduqué par Tor Gibson, scholiaste qui sert la famille depuis plusieurs générations et qu’il révère comme un modèle. Comme tous les nobles il a bénéficié d’améliorations et de sélection génétiques lui octroyant entre autres une immunité contre les maladies et une longévité exceptionnelle. Il a un jeune frère Crispin et soupçonne son père de destiner la succession à celui-ci. Jaloux et pourtant son rêve est de parcourir l’univers comme les héros des récits qui ont enchanté son adolescence et la succession.
Formé à l’usage des armes et à l’administration, il est trop adolescent pour assumer les obligations imposées par son père et sa position et sa jeune rébellion l’entraîne dans un exil forcé pour lequel il obtient le soutien de son précepteur.
Parti sur un vaisseau pour un voyage au long cours dans un caisson cryogénique, il va atterrir sur la planète Emesh où de mendiant à myrmidon combattant les gladiateurs dans les jeux du cirque il finira par rejoindre la cour de Lord Balian et finalement rencontrer les Cielcins.
Tourbillon
De mésaventures en aventures, Hadrian est ballotté par les événements et son destin est forgé par ses rencontres et son entourage. Commençant sur Delos par Tor Gibson son mentor, Sir Felix Martyn son maître d’armes, Kyra une pilote de navette, la galerie de personnages se poursuit sur Emesh. Cat, jeune mendiante qui partage sa vie de vols à la tire et de mendicité, et lui fait découvrir la ville de Borosevo. Switch, Ghen, Siran, Pallino et les autres myrmidons qui combattent à ses cotés dans l’arène du Colosso. Anaîs et Dorian Mataro les enfants de Lord Balian. Valka Onderra xénologue originaire de la Stochocratie de Tavros en dehors de l’Empire, fascinante Valka. Bassinder Lin, officier de sécurité de la légion de l’Empire. Sir Olorin Milta maitre d’armes des principautés Jaddienne et sa lieutenante Jina Azhar.
Dans ce premier volume, nous n’avons pas affaire à un héros, mais à un jeune homme réagissant par instinct à ce qui lui arrive. Le récit à la première personne permet au Dévoreur de soleil de se pencher avec ironie sur cette partie de sa vie. Grâce à sa perspective il donne un sens à ce qui semble n’en avoir aucun et il souligne la jeunesse et la naïveté d’Hadrian.
Perspectives
Ce premier tome est prometteur, il brosse le portrait d’un univers dont nous ne faisons qu’effleurer la complexité. L’auteur a ajouté en annexes, un Dramatis personae qui reprend les personnages principaux, un Index des mondes qui retrace l’histoire de la galaxie jusqu’au moment ou le récit démarre et un Lexique.
Il comporte réellement une fin qui ne laisse aucune frustration mais donne cependant l’envie de connaitre la suite du récit de la vie du Dévoreur de soleil.
Les personnages sont désormais bien en place et nous attendons les prochains tomes des aventures spatiales d’un Hadrian adulte et maître de son destin.
PS – critique à lire sur Le culte d’Apophis.