Après Chroniques Du Pays Des Mères, paru en 2019, les Editions Mnémos ont eu la bonne idée de rééditer Le Silence De La Cité préquel des Chroniques. J’ai eu la chance de le lire dès sa parution.
Ce livre se passe quelques siècles avant les Chroniques, et a été écrit avant celles-ci. Il peut se lire indépendamment, et pour ma part j’ai apprécié de le lire après sa suite.
Les éléments communs à ces deux romans sont essentiellement le décor, terre ravagée par une apocalypse écologique et/ou nucléaire, humanité sujette à des mutations plus ou moins délétères, déséquilibre des naissances cinq filles pour un garçon. On devine aussi les liens avec des personnages et évènements des Chroniques, les Mauterres, la Déesse Elli, Les Juddites, ce qui ajoute du plaisir à sa lecture.
Le livre raconte l’histoire d’Elisa, dernière née d’une fraction de l’humanité, dépositaire des dernières avancées technologiques et scientifiques, réfugiée dans des « Cités » créées par les élites séparées du reste des humains. Il est divisé en quatre parties, que l’auteur n’a pas nommées, je leur donne un titre pour faciliter la lecture.
Cité
Elisa est une enfant, petite fille seule, dans un monde clos, La Cité, peuplée de quelques adultes et d’hommes-machines, les ommachs. Elle est élevée par deux hommes, Grand-Père et Paul.Paul qu’il lui arrive d’appeler Papa. Elle possède des facultés peu ordinaires. Elle peut se régénérer si elle est blessée, et elle ressent les émotions des autres humains.
A mesure qu’elle grandit, elle se rend compte qu’elle n’est pas la fille de Paul, qui deviendra son amant, mais le résultat d’un projet que Paul a élaboré pour reconstruire l’humanité à sa manière.
Hors les murs
Elisa, qui est devenue Hanse après sa transformation en homme, a parcouru le monde en compagnie d’un ommach pour mettre un terme à la civilisation des cités, elle arrive dans une communauté ou les femmes sont complètement soumises aux hommes. Elle décide d’intervenir et ce faisant se retrouve une nouvelle fois confrontée à Paul.
Communauté
Elisa est maintenant de nouveau une femme, elle n’a pas osé détruire la cité et utilise parcimonieusement ses ressources pour reprendre le projet de Paul, en créant une communauté d’enfants ayant les mêmes capacités qu’elle et qui en grandissant pourront se mêler au reste de l’humanité.
Humanité
Les premières générations d’enfants de la communauté vont atteindre l’âge adulte, et Elisa va devoir les laisser partir et entrer en contact avec le reste de l’humanité, ce n’est pas si simple, et comment l’extérieur a-t-il déjà évolué?
Lectures
Le silence de la cité est une histoire totalement subjective. C’est l’histoire d’Elisa, racontée par Elisa. Elisa, enfant qui ne découvre que ce que Paul veut bien lui laisser voir. Elisa, adolescente sous l’emprise de l’amour de Paul qui l’entraine dans son projet démiurgique. Elisa/Hanse, jeune homme qui veut libérer l’humanité. Elisa, mère qui emprisonne ses enfants sans s’en rendre compte. Elisa, adulte enfin qui se reconnait dans la liberté des différences.
Dans le parcours d’Elisa, Elisabeth Vonarburg aborde des thèmes qui nous paraissent d’actualité car ils traversent toutes les époques. Les expériences de Paul et des autres occupants de la cité touchent au domaine du transhumanisme et de la toute puissance de la technologie, les pouvoirs extraordinaires d’Elisa et de ses enfants questionnent les notions de genre et de représentation. Le déséquilibre des naissances et les mutations posent les réflexions sur les inégalités de toutes origines.
Elisabeth Vonarburg, comme à son habitude nous offre une histoire sensible, avec de nombreux niveaux de lecture, elle ne démontre rien, laissant au lecteur la liberté de comprendre.
On s’attache à Elisa qu’elle a su rendre humaine, plus qu’humaine et chacun.e est libre d’imaginer le chemin qui mènera du Silence De La Cité au Pays des mères.
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