Cette novella parue en février 1955 dans « Fantasy and Science Fiction » est un cas à part dans la production de l’époque. L’ayant lue dans les années 1970 dans l’anthologie « Après … la guerre atomique » de Charles Nuetzel, je me souvenais que ce texte m’avait marqué par sa différence, mais je n’en gardai qu’un souvenir diffus.
A l’occasion de sa réédition en octobre 2019 par les éditions « Le Passager Clandestin« , j’ai eu envie de le relire. C’est une novella donc un format facile et rapide mais qui ne permet pas un développement profond du contexte et des idées, et pourtant…
L’histoire, classique dans le genre, est celle du retour de descendants d’une expédition interstellaire, ayant colonisé une planète isolée, qui arrivent après cinq ans de voyage sur une terre qui ne ressemble en rien à ce qu’ils avaient imaginé.
Le protagoniste principal, le capitaine Brian Kearns, espère trouver une planète que les avancées scientifiques et la conquête de l’espace auraient transformé en paradis technologique. A sa grande surprise, ils trouvent une société pastorale d’ou la technologie est absente…
Plus de soixante ans après, le thème du livre trouve des échos étranges dans nos débats actuels sur la décroissance. Découvrant avec Brian Kearns, qui semble la rejeter, le fonctionnement de cette société « utopique » nous n’avons que peu d’informations sur les événements qui ont conduit à la transformation d’une société de production et de consommation de masse en une société de petites communautés ou les individus semblent totalement autonomes.
Sans dévoiler le « twist » final, il faut reconnaître que Marion Zimmer Bradley nous propose ici une solution originale aux problèmes posés par le progrès sans limites, avec une certaine naïveté et en occultant le chemin qui y mène. Les questions du rapport entre l’individu, sa communauté, la nature et l’ambition de l’humanité sont bien posées et leurs réponses donnent à rêver dans leur simplicité(isme). C’est bien l’objet de la SF en tant que littérature de l’imaginaire.
Bonne lecture