Le Ministère du Futur – Kim Stanley Robinson

En 2020, Kim Stanley Robinson (KSR pour simplifier) a écrit Le Ministère du Futur un roman se déroulant sur la période 2025 à 2050 sur notre planète menacée par les conséquences du changement climatique. Ce thème, KSR l’avait déjà abordé dans ses séries Orange County, La trilogie climatique ainsi que dans les romans S.O.S Antartica, New-York 2140 et Lune Rouge. Dans tous ses ouvrages, la préoccupation écologique est au premier plan et conditionne l’environnement des personnages ainsi que l’intrigue. KSR se place dans un futur proche et propose des possibilités d’adaptation au changement, dans un cadre local relié au changement global. Partant d’un résumé succinct de l’intrigue du Ministère du Futur nous allons pouvoir retrouver des éléments communs, dans l’ensemble de l’œuvre de KSR, reliant tous ses écrits à une approche à la fois écosystémique et holistique (qui considère tous ses objets comme appartenant à un tout).

Le Ministère du Futur

L’ouverture du roman est terrifiante, une vague de chaleur exceptionnelle frappe l’Uttar Pradesh en Inde. Cette vague de chaleur provoque une panne électrique et quelques rares habitants sur des millions parviennent à survivre. Dont un des protagonistes du roman Frank May, humanitaire Américain. A partir de cet évènement dramatique, KSR nous montre un monde qui a pris conscience de la menace. L’ONU a créé le Ministère du futur dirigé par Mary Murphy une diplomate. Tout au long du roman, KSR nous propose une multitude de solutions qui mises bout à bout permettrons peut-être à l’humanité de survivre sans catastrophe majeure. Bien entendu c’est aussi un roman, et avec sa précision habituelle KSR nous propose de multiples péripéties anecdotiques ou dramatiques se déroulant dans des cadres qu’il connait bien et décrit méticuleusement. C’est d’ailleurs cette écriture qui va nous permettre de relier ce roman à l’ensemble de son œuvre et de cette approche que je qualifie d’écosystémique.

De la SF tout azimut

En dehors de la SF d’anticipation post-apocalyptique et écologique, KSR a écrit dans d’autres genres.
Sa Trilogie Martienne traite de la colonisation de Mars sur plus de 200 ans.
Le Rêve de Galilée évoque la rencontre de Galilée avec des voyageurs du temps venus de Jupiter.
2312 décrit une société « utopique » dans un système solaire du futur, tentant de restaurer le système écologique de la terre.
Chronique des années noires est une uchronie où la civilisation occidentale a été anéantie lors de la peste noire au 14ème siècle.
Aurora décrit le voyage d’un vaisseau parti coloniser une planète lointaine et l’évolution de son équipage sur plusieurs générations.
Chaman raconte l’initiation et le passage à l’âge adulte d’un jeune garçon qui deviendra le Chaman de sa tribu à l’âge de glace dans le contexte de la grotte Chauvet.

Cohérence de la thématique

Né en 1952, KSR passe son enfance et son adolescence en Californie dans l’Orange County. Il a vécu, comme il le dit lui-même, le Choc du futur à travers l’urbanisation, basée sur l’automobile, de ce comté californien. Ses études à partir de 1971 à l’université de San Diego vont le conduire à une thèse sur l’œuvre de Philip K. Dick sous la direction de Fredric Jameson. De cette période sont issus ses thèmes de prédilection qui se fondent sur une utopie mettant en cohérence une organisation sociale et politique et l’intégration de l’homme dans le milieu naturel. Sa vision de l’écologie politique est une vision positive où la connaissance scientifique et sociale doit permettre à la fois des avancées sociales et la préservation de la biodiversité. Le désespoir et le catastrophisme n’ont pas leur place dans ses écrits. Quelle que soit la gravité des situations, il met toujours en avant la possibilité d’une amélioration à travers une organisation sociale basée sur la connaissance et la coopération.

Une écriture précise et réaliste


KSR nous parle toujours de ce qu’il connait. Par exemple , c’est un grand amateur de randonnées, et on retrouve dans un grande partie de ses romans des descriptions de paysages très détaillées, que ce soit pour la géologie ou la flore. S.O.S Antarctica, basé sur son séjour en antarctique, qui nous plonge dans ce milieu glacé avec une précision extrême et une connaissance très pointue sur les explorations de ce continent extraordinaire. Cette même précision peut être parfois un obstacle à la lecture comme par exemple dans New-York 2140 qui est d’un abord difficile pour qui ne s’est jamais rendu à New-York, c’est à dire pour beaucoup d’entre nous. C’est au contraire un avantage certain dans des romans comme S.O.S Antarctica, la Trilogie Martienne, Chaman et Le Ministère du Futur. Sa précision ne se limite pas aux descriptions des lieux. C’est un écrivain qui se documente abondamment, ce qui peut parfois avoir l’inconvénient de dater ses œuvres, la connaissance avançant parfois plus vite et différemment de ce que la science, à un instant précis, pouvait laisser espérer. C’est un risque habituel pour un auteur de SF prospective.

Des intrigues à niveaux multiples

Dans la plupart de ses romans, le point de départ s’appuie sur la vision d’un évènement particulier à partir d’un personnage. Ce peut être le principal ou seulement un secondaire. A partir de ce point de vue KSR élargit progressivement l’intrigue en introduisant d’autres protagonistes qui apportent de nouveaux points de vue et élargissent graduellement le contexte jusqu’à nous fournir une vue globale de l’environnement du roman. Cette approche est une analogie de la démarche scientifique pragmatique qui passe de l’observation à l’analyse pour finalement nous conduire à la synthèse. Grand amateur de Jules Verne dans son enfance, KSR s’est probablement inspiré de son écriture didactique.

Une démarche écosystémique

L’écologie comme thème de prédilection de l’auteur se retrouve dans la construction de ses romans. Son approche à niveaux multiples est éclairée par les interactions entre ces niveaux. Comme dans un système écologique chaque élément interagit avec les autres en boucles de rétroaction, et des éléments dont la signification parait insignifiante au premier abord voient leur importance révélée au regard d’autres évènements. On n’y trouve pas de hiérarchie ni d’ordre immuable, pas de super-héros mais pas non plus de simples victimes. Les personnages ont une capacité d’action, chacun à son niveau. Le plus souvent c’est à partir d’un collectif que les situations évoluent. La tribu dans Chaman, le ministère dans Le Ministère du Futur, le conseil municipal dans Lisière du Pacifique …
Et de la même manière qu’un écosystème perturbé retrouvera un équilibre à la suite de changements, les romans de KSR mènent la plupart du temps à cette recherche de futurs positifs.
En attendant la sortie du Ministère du Futur en Français prévue le 25 octobre 2023, je vous recommande donc de lire ou relire les romans de KSR, vous en trouverez certainement un qui correspond à un de vos genres préférés.
Bonne lecture.

Eutopia – Camille Leboulanger

Eutopia est l’histoire d’Umo, que nous découvrons dans l’enfance et que nous allons suivre jusqu’à la fin de sa vie. Umo n’a rien d’exceptionnel, mais il va être un guide extraordinaire pour nous faire découvrir une utopie en marche.
Son monde est le nôtre, après l’effondrement, après le temps des camps où se sont retrouvés enfermés les réfugiés. Ces camps dans lesquels les oubliés ont recréé une nouvelle société dont la forme politique a remplacé toutes les autres après « La déclaration d’Antonia ».

C’est donc cette nouvelle civilisation qui a déjà quelques siècles qu’Umo va nous faire découvrir. Une utopie ? Peut-être, mais c’est une utopie en marche, comme un système écologique où le lent mouvement d’évolution à la fois conserve et transforme un équilibre instable par nature.
Le fondement de cette utopie est l’absence de propriété. « Il n’y a de propriété que d’usage ». Et c’est à partir de ce premier article de « La déclaration d’Antonia » que toute la société s’est construite.
Si la base de ce roman est bien politique, ce n’est cependant que le support du roman d’une vie, la vie d’Umo. Umo qui nous relie aux personnages, aux lieux, au passé, au futur, à travers ses actions, ses réflexions, ses voyages et surtout ses rencontres et ses amours.
Je vous invite à découvrir ce livre, comme un livre d’aventures, sans héros ni coups d’éclat. Aventures quotidiennes, qui par petites touches successives, comme un tableau pointilliste, nous laisse découvrir une aventure collective encore plus grande.

Pour finir.

Il est des livres singuliers, Eutopia en fait partie. Singulier, ce roman l’est à plus d’un titre comme vous le découvrirez.

Roman post-apocalyptique, puisqu’il se situe après l’effondrement d’un monde, il se distingue du genre en se plaçant après la reconstruction d’une nouvelle société.

C’est un récit à la première personne, une vie entière de la petite enfance à la vieillesse, un cheminement individuel à travers un monde futur d’où l’urgence a disparu.

Umo, notre guide dans ce nouveau monde, n’est ni un héros, ni son opposé. Son chemin est fait de rencontres et c’est toujours à travers ses rencontres que nous découvrons sa vie.

Deux devises sous-tendent l’ensemble de l’ouvrage. « Nous avons le temps » et « Le travail, c’est de l’amour. L’amour, c’est du travail. »

Le monde décrit dans « Eutopia » est trop beau pour être vrai et pourtant tellement vraisemblable, aimerez-vous y vivre autant qu’Umo ?

Imaginaires d’Asie – Plumes de l’imaginaire

Pour nous extrêmes-occidentaux, l’Asie est une autre terre, source d’imaginaires pluriels, de mythes inconnus et de peuples fascinants. Aussi quand il m’a été proposé, en service de presse, ce recueil de nouvelles « Imaginaires d’Asie » l’ai-je accepté avec plaisir.

Au plaisir de la découverte de contrées « exotiques » s’est ajouté, tout au long des treize nouvelles, l’émerveillement de la variété des récits et de l’écriture de nouvelles plumes.
La couverture est somptueuse et, tout au long du recueil les illustrations ajoutent une respiration/inspiration au récit.

Au bout de ces lectures, il reste, au-delà de leur diversité, une impression de convergence. Comme une toile liant les peuples, les mythes, les êtres et la Nature majuscule. Nature qui baigne tous les récits de sa présence et de ses transformations, pour le meilleur et pour le pire.
N’ayant jamais proposé de chroniques sur un recueil de nouvelles, j’ai décidé de me laisser guider par les personnages à travers l’espace et à travers le temps pour vous entraîner dans ces voyages extraordinaires.

Pour un résumé complet des nouvelles voir ce lien. https://www.etherval.com/produit/imaginaire-dasie-anthologie-papier/

Puisqu’il faut commencer, entrons par une des portes du continent, Shanghai la cosmopolite à la fin du XIX ème siècle. Shanghai où tout s’achète et se vend. Suivons nos trois guides, rusées renardes, à la recherche du Phénix gardien de la nature. Leur alliance de légendes, inédite entre Chine, Corée et Japon nous plonge dans la nostalgie d’une nature idéale préservée par les esprits élémentaires.

Sans quitter la Chine, remontons le temps, à bord d’un chariot mené par un vieillard, conteur de son état se rendant à la cour de l’empereur, pour distraire sa dernière épouse. Mais qui est vraiment ce conteur, et comment faire vivre les personnages des contes.

Traversons les mers pour arriver au Japon, où nous attend Hikari jeune fille nostalgique d’un pays qui a abandonné ses traditions. Elle va rencontrer Léonie, vieille femme parisienne, perdue dans ce pays si différent. Toutes deux vont nous conduire dans une forêt enchantée où l’apparence du mal va les conduire à une compréhension mutuelle.

Un saut dans l’espace et le temps vers la péninsule indochinoise et le Cambodge. Voyage vers le futur avec un french doctor au Cambodge. Dans cette région d’où sont venues quelques pandémies, ce médecin va nous guider à travers la jungle pour retrouver son patient zéro, un jeune enfant que sa famille ramène à son village avant qu’il n’ait pu le soigner. Au cœur de cette nouvelle, jusqu’où l’être humain appartient-il à la nature, lui qui voulait la posséder.

C’est une toute autre Asie que le Bhoutan, sur le toit du monde. Suivons Sherab, jeune fille à la poursuite du migoï qui a tué son frère. Accompagnée par un takin, mi chèvre mi vache, qui lui est en quête de ses origines, elle va croiser un corbeau, émissaire des dieux. Tous les trois vont nous mener sur le toit du monde pour affronter le migoï.

Redescendons un peu vers les plaines de Mongolie en compagnie de Simon, enfant de mongols, réfugiés climatiques. Simon se rend à Oulan Bator pour le compte de l’Organisation Mondiale de Préservation du Climat. Est-ce vraiment un hasard pour un enfant de la steppe qui parle aux animaux ?

Plus au sud, nous retrouvons la Chine au pied de la muraille qui protège l’empire des assauts de la sylve, nature sauvage issue des arbres. C’est Xiu, une automate de cour qui nous guide dans les pas de son jeune maître Luo Jian. Dans la confrontation de la nature et de l’homme, Xiu va trouver sa place et reconnaître ses origines, ses mystères et trouver sa voie singulière.

C’est la péninsule coréenne qui nous appelle ensuite. La Corée du Nord tout d’abord où nous pénétrons clandestinement en 2068 pour rencontrer Yong Sim-bin, président de la commission des sciences. Celui-ci est en charge du projet Cyborg pour le compte du président Kim No-bang, futur éternel leader. Sommes-nous certains que tout se passera bien ? La nature humaine prendra-t-elle sa revanche ?

Franchissons la ligne de démarcation pour nous rendre en Corée du Sud, accompagner Eddy exilé nano-booté ébloui au pays de la technologie triomphante. Le développement extraordinaire des nanotechnologies a produit des effets secondaires inattendus sur l’environnement et les humains. Le combat entre la nature transformée et les nano-humains fait rage. Monstres contre monstres, choisissez votre camp.

Cap au sud vers l’Indonésie à bord de La perle perdue, goélette du capitaine Kus. Une équipe de géologues français est à bord, mandatée par EDF pour étudier la possibilité d’implanter des éoliennes. Mais est-ce vraiment la raison de leur présence ? Les habitants en doutent. Et dans ce pays ou les forces naturelles et les peuples autochtones sont fortement liés, qui sait ce qui peut arriver.

Nous remontons vers la péninsule indochinoise en passagers du fleuve Mékong Mère de tous les fleuves. La terre est devenue inhabitable et les humains vivent dans des cités souterraines. Mei notre guide est chargé d’une mission à la surface à bord d’un aéroglisseur pour vérifier que la baisse de radioactivité constatée dans les eaux du fleuve pourrait augurer d’une possibilité de vivre à la surface. Au fil de leur remontée du fleuve, la vie animale et végétale semble avoir repris, des cultures organisées apparaissent. Mais qui est responsable de ces cultures ?

Nouveau détour en Corée. Ici aussi les habitants vivent sous terre, mais nous allons suivre Young Jae, jeune chasseur qui parcourt le monde extérieur. Accompagné d’une jeune sorcière mudang, Seo hyun, il est envoyé à la chasse aux esprits. Mais quel esprit hante encore la jungle, tolérera-t-il la présence des chasseurs ? Et que peut faire un chasseur contre les esprits ?

Pour finir notre voyage, gagnons le Viet Nam. C’est un chapeau qui nous servira de guide. Ce chapeau est posé sur la tête de Linh, que sa mère a chargé de restituer à son frère des souliers qu’il a oubliés lorsqu’il est parti chercher du travail chez son oncle. Le périple ne sera pas sans embûches, mais notre chapeau communique avec les esprits, et grâce à sa malice embarquons ensemble pour ce voyage plein de fantaisie.

Et voilà, le voyage est terminé, j’espère que vous y prendrez autant de plaisir que moi, et reviendrez de temps en temps y grappiller quelques images pour prolonger la magie.

Les Gardiens d’Erûsarden – Lumière – Alexandre Vaughan

Sorcasard, le continent où cohabitent les humains, les Sorcami (hommes-sauriens) et les Nains n’a plus connu de conflit d’importance depuis plus d’un siècle. Tout au plus quelques escarmouches entre les seigneurs pour des conflits frontaliers. Ces conflits sans importance permettent à des mercenaires comme Aridel de louer leurs services.

Omirelhen, au sud du continent est désormais un royaume. Leotel, troisième du nom, y règne de son palais dans la cité de Niûrelhin. Shas’ri’a ou Shari, princesse de Sûsenbal, arrive à la cour comme ambassadrice de l’empire des îles orientales. Peu de temps après, un autre visiteur, Itheros, Ûesakia des Sorcami arrive à son tour à la cour.

Rapidement, les événements vont se précipiter. La guerre, déclenchée par le mystérieux baron Oeklos de Setosgad, son armée de Sorcami et son arme magique, s’étend sur Fisihmen et menace de se répandre sur tout le continent. Sortelhûn et Setirhelen son directement menacés.

Contre la menace, le roi Leotel confie à Shari et maître Nidon la mission de trouver comment neutraliser l’arme du Baron, et charge son fils Sunir d’organiser la défense du royaume et préparer une contre offensive par la mer.


Aridel, le mercenaire, après les premières attaques des Sorcami a fui Fisimhen et, accompagné du mage Domiel rencontré pendant sa fuite rejoint l’armée Sortelune pour participer la défense de Sortelhun et Setirehlen.


Menacés de toutes parts, les états de Sorcasard pourront-ils résister à la menace du Baron Oeklos et de de ses alliés Sorcami. Que cherche le baron ? Conquérir Sorcasard, surement, mais s’arrêtera-t-il à la conquète de ce continent ?

Itheros le Sorcami, contraint à l’exil pourra-t-il trouver des alliés parmi son peuple, et, en joignant ses connaissances à celles de maître Nidon, du mage Domiel et de l’ambassadrice Shari , contrer les plans d’Oeklos.


Ce premier volume de la tétralogie des Gardiens d’Erûsarden nous entraîne à la découverte de Sorcasard, de batailles en batailles, sur terre et sur mer. En parallèle nous voilà lancé dans une quête du savoir des anciens, savoir indispensable pour comprendre et contrer la puissance d’Oeklos.

Le roman est construit autour des personnages d’Aridel le mercenaire, Shari la princesse ambassadrice, Sûnir le prince héritier, Domiel le mage, Ithéros le Sorcami, et Djashim l’enfant des rues. C’est à travers leurs yeux qu’il nous fait découvrir le monde d’Erûsarden.

Ces personnages, leurs histoires, leurs cheminements et leurs combats, imprègnent le récit. Leurs joies, leurs peines et leurs déchirements donnent chair aux événements qui se succèdent à un rythme soutenu. Et c’est avec plaisir que nous les retrouverons dans les volumes suivants.

Comme dans les autres livres du monde d’Erûsarden, celui-ci est accompagné de cartes et d’une chronologie à consulter sans modération au cours de la lecture.
Il est disponible Ici en version papier ou numérique..

Mémoires d’Erûsarden – Alexandre Vaughan

Mémoires… en quatre nouvelles, nous allons plonger dans le passé d’Erûsarden et découvrir les événements qui ont forgé les légendes dont se nourrissent les romans. Chaque nouvelle est un jalon de l’histoire du monde extraordinaire d’Erûsarden dont la genèse est suggérée dans le prologue. Nous y découvrirons les habitants, humains, hommes-sauriens, nains, mages, les empires et royaumes qui le composent grâce aux récits des aventures palpitantes de Wicdel, Liri’a, Fresil, Samel et Nemosor.

Hînkon Ardayn

Les terres inconnues, c’est le titre du journal de voyage de Liri’a, une jeune fille qui fuyant mariage forcé, a quitté le continent dErûsard pour se rendre en Sorcasard. Ce journal, datant de trois siècles, va conduire Wicdel, un jeune Sorûeni, que nous avons déjà rencontré dans Le trésor des Sorcami, à la découverte des merveilles de Sorcasard. Alternant entre le récit de Liri’a et les aventures de Wicdel, ponctué de cartes et d’énigmes runiques, nos deux aventuriers nous conduiront de la république de Niûsanif jusqu’au cœur de la jungle dans la fabuleuse cité des mythiques Sorcami, Sorkhoroa.

La guerre des Sorcami

Quelques années après les voyages de Liri’a, nous voilà de nouveau en Sorcasard, en compagnie de Fresil, noble sans terre de l’Empire de Dûen, soldat de l’armée venue conquérir les terres de la péninsule d’Omirehlen, dans une guerre contre les « sauvages » Sorcami. Cette nouvelle reprend le journal de Fresil, relatant la campagne militaire des dûenis contre le royaume Sorcami, jusqu’à la conquète et l’établissement du duché d’Omirelhen.

Les Nains et l’Empire

Quatre-vingt cinq ans après la guerre des Sorcami, l’empire de Dûen a quasiment conquis Sorcasard, divisé en duchés. Les Sorcami conservent le centre du continent à la suite du traité de Niûsanin. Après des années de paix, des nains venus de l’île de Ginûbal viennent de s’emparer de la ville de Leosumar au nord du duché de Sortelhun.
Samel, natif du duché, est un conscrit dans l’armée impériale qui marche contre l’armée des nains. Sorferum est un Sorcami, recueilli par les nains, ayant tout oublié de son passé.
Les combats et les rencontres des trois peuples vont nous révéler l’histoire récente du continent de Sorcasard et nous en apprendre encore un peu plus sur les mystérieux anciens.

Nemosor

Nemosor est un habitant de Dafashûn, le pays des mages, sur l’île continent de Lanerbal. Dafashûn est le pays des mages, gardiens du savoir des anciens. Nemosor, étudiant à l’université de Dafakin va trouver sur son chemin une mystérieuse société secrète qui cherche à utiliser les savoirs interdits qui ont provoqué la chute des anciens et de l’empire mythique de Blünen. Y-parviendra-t-il ?

Ces quatre nouvelles chronologiquement antérieures au Trésor des Sorcami, l’éclairent et l’approfondissent, et sont heureusement complétées par une chronologie de l’empire de Dûen. L’épilogue, éclairant à sa manière cryptique, nous projette vers le futur et introduit le cycle des Gardiens d’Erûsarden. Que de promesses.
Il est disponible Ici en version papier ou numérique..

Littératures de l’Imaginaire – Subversives par nature?

Il faut bien admettre que les littératures de l’imaginaire ou SFFF ne sont pas mise en avant par les médias français contemporains.

Les pages culture des quotidiens, hebdomadaires ou mensuels, des radios , des télévisions évoquent facilement les romans classiques ou contemporains, les romans policiers ou thrillers et même la bande dessinée considérée comme le neuvième art. Les littératures de l’imaginaire restent les grandes oubliées des médias.

Oubliées ? Est-ce vraiment un oubli ? Rassurez-vous, je n’y vois pas un complot, mais il devrait être possible de trouver une ou plusieurs explications à cette absence.

De fait l’imaginaire n’est pas totalement oublié, les films et séries inspirées par les littératures SFFF sont nombreux, connaissent de grands succès et font la une des médias. Et même si ces films et séries sont inspirées de livres les livres eux-mêmes sont assez vite oubliés.

Alors, pourquoi cette invisibilité des littératures SFFF ? L’image du lectorat de SFFF est celle d’un public adolescent plutôt masculin qui cherche avant tout une lecture d’évasion et de distraction. Cette image est facilement opposée à celle du lecteur de littérature dite classique qui a une approche plus intellectuelle et même au lecteur de romans policiers, thriller ou d’espionnage qui est plus mur et plus adulte.

Cette image, loin de la réalité, contribue à cantonner l’imaginaire à une littérature de niche qui a son utilité, comme introduction à la littérature pour un public jeune, qui adulte pourra enfin progresser vers des littératures plus sérieuses.

Et pourtant, loin d’une littérature de seconde zone, les littératures de l’imaginaire, qui ont une longue histoire, que l’on peut faire remonter aussi loin que l’épopée sumérienne de Gilgamesh en passant par l’Iliade et l’Odyssée, les romans Arthuriens, les contes et légendes de tous pays et qui vont jusqu’à des futurs lointains ou les sciences les plus complexes ont une importance prépondérante, présentent une richesse de thèmes et de récits n’ayant rien à envier aux autres formes de littératures.

Il faut reconnaître que ces littératures sont souvent déroutantes , d’autant plus dans les écrits contemporains ou l’intertextualité prend une plus grande importance et entraîne une difficulté à pénétrer certains ouvrages qui font appels à des concepts ou événements déjà connus des lecteurs assidus du genre.

Cependant, à mon sens, la véritable difficulté que rencontrent ces littératures à atteindre un lectorat et une reconnaissance plus importante est liée à leur nature intrinsèquement subversive.

Est subversif ce qui « renverse ou menace l’ordre établi, les valeurs reçues », et c’est bien la nature des littératures de l’imaginaire. Quel qu’en soit le propos politique, économique, spirituel ou religieux, tout ouvrage de SFFF a pour base un décalage avec l’ordre établi, ce n’est plus « notre monde », la base de chaque livre est en déphasage avec le monde de notre expérience quotidienne.

Ce décalage permet à l’auteur d’imaginer d’autres réalités, et au lecteur de comprendre qu’il pourrait exister d’autres possibles. « Et si … », voilà la base des littératures de l’imaginaire, et c’est sans doute aussi la base de son absence dans les médias.

« Et si… », ce ne peut pas être sérieux, et pourquoi pas de la magie tant qu’on y est ? Alors là, mon cher vous êtes en pleine science-fiction !

La bien-pensance souffre de cette incertitude et y voit instantanément une idéologie malsaine permettant toutes les dérives. Or les littératures de l’imaginaire ne se cantonnent à aucune idéologie et souvent l’idéologie ou la spiritualité soutenues par l’auteur d’un livre ne posent aucune contrainte au lecteur qui, lui, sait qu’il vient de rentrer dans un imaginaire qui est loin d’être unique et que dès la lecture terminée il pourra passer à un autre imaginaire parfois diamétralement opposé.

C’est bien là que se trouve la force de la SFFF, aussi riche et évolutive que la vie elle-même ouvrant tous les horizons, affranchie des contraintes du réel et défrichant la voie de tous les possibles.

Lisons sans limites!